- tyrannie
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• 1155; de tyran1 ♦ Hist. ant. Usurpation et exercice du pouvoir par un tyran (1o). Tyrannie grecque et dictature romaine.2 ♦ Gouvernement absolu et oppressif du tyran (2o) considéré surtout dans ce qu'il a d'injuste, d'arbitraire, de cruel. ⇒ autocratie, despotisme, dictature. « Contre nous de la tyrannie L'étendard sanglant est levé » (La Marseillaise). « Les excès de la tyrannie ne mènent qu'à la tyrannie; celle-ci en nous dégradant nous rend incapables d'indépendance » (Chateaubriand).3 ♦ Littér. Autorité oppressive, abus de pouvoir. ⇒ dictature. Se libérer de la tyrannie d'un père. Exercer sa tyrannie sur qqn. ⇒ tyranniser. « la tyrannie de l'homme, qui a converti la possession de la femme en une propriété » (Diderot).♢ (Choses) Contrainte impérieuse. La tyrannie de la mode. ⇒ diktat, servitude.Synonymes :Littéraire. Autorité oppressive et violenteSynonymes :Littéraire. Contrainte violente, pouvoir irrésistible de quelque choseSynonymes :- carcan- chaîne- jougtyrannien. f.d1./d ANTIQ GR Usurpation et exercice du pouvoir par un tyran. Sous la tyrannie de Pisistrate, à Athènes.d2./d Cour. Gouvernement d'un tyran, ou d'un groupe d'oppresseurs, dans ce qu'il a d'injuste et de cruel.d3./d Fig. Autorité exercée de manière absolue, oppressive.|| (Choses) Pouvoir irrésistible et contraignant. La tyrannie de la mode.⇒TYRANNIE, subst. fém.A. — HIST. DE L'ANTIQ. En Grèce, Sicile, Italie méridionale, régime politique dans lequel le pouvoir, monocratique et absolu, était obtenu par usurpation et par l'abolition du régime aristocratique. La tyrannie de Pisistrate protégeait les paysans. Tandis que la tyrannie s'étoit glissée à Athènes, elle avoit aussi levé l'étendard en Sicile (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 125).— P. anal. Carthage, devenue un état purement agricole et commerçant, réparait promptement ses pertes sous la bienfaisante tyrannie d'Hannibal (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 48).B. — P. ext. Synon. de absolutisme, despotisme, dictature, oppression.1. [À propos d'une pers.]a) Pouvoir arbitraire et absolu d'un souverain, d'une personne ou d'un groupe de personnes détenant l'autorité suprême, caractérisé par un gouvernement d'oppression, d'injustice et de terreur. Tyrannie féodale, militaire, révolutionnaire; tyrannie de Bonaparte; les excès de la tyrannie. À dater de cette époque [31 mai 1793] (...) en changeant de gouvernement elle [la France] n'a plus fait que changer de tyrannie (PROUDHON, Révol. soc., 1852, p. 21). S'il est devenu banal de dire que le conflit actuel est une guerre mondiale et morale, c'est parce que cela est terriblement vrai. Le combat gigantesque que se livrent la liberté et la tyrannie n'admet pas d'autres limites que celles de la terre ni d'autre terme que la victoire complète de l'un des deux ennemis (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 460).b) Comportement autoritaire, injuste et violent d'une personne ou d'un groupe de personnes (reconnues comme une entité) dans le domaine des relations personnelles, professionnelles, sociales, etc. Tyrannie domestique, religieuse, syndicale; tyrannie d'un père, d'un patron; tyrannie odieuse, insupportable; exercer, subir une tyrannie. D'un mari j'ai dû tout supporter; mais d'un ami, d'un simple ami, je ne veux accepter aucune de ces tyrannies d'affection qui sont les calamités des relations cordiales (MAUPASS., Notre cœur, 1890, p. 332). Les filles restent des enfants... Elles passent de la tyrannie baroque des parents à la tyrannie sournoise d'un mari (CHARDONNE, Épithal., 1929, p. 406).2. [À propos d'une réalité concr. ou abstr.] Fait de s'imposer d'une manière impérieuse et absolue à l'esprit, aux sentiments, à la volonté de quelqu'un; fait de contraindre quelqu'un à se conformer à certaines exigences matérielles, morales. Tyrannie de la morale, de la pensée, des principes, de la raison; tyrannie du progrès; tyrannie de l'amour, des souvenirs. Une action sociale et conservatrice, dont le but est de défendre l'homme des erreurs de sa volonté et de la tyrannie de ses passions, pour le faire jouir de sa véritable liberté (BONALD, Essai analyt., 1800, p. 9). Cette « bougeotte » générale qui se montre curieusement dans la seconde moitié du Moyen Âge, besoin de se soustraire quelques mois à la tyrannie de la misère quotidienne — fût-ce au prix de plus grandes fatigues physiques (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 67).— P. exagér. et p. iron. Influence, domination excessive dans un domaine particulier. Tyrannie de la mode. Je voudrais que dans ces pages splendides et charmantes, vous retranchassiez (tyrannie de l'imparfait du subjonctif) quatre mots (HUGO, Corresp., 1862, p. 429).Prononc. et Orth.: [
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1140 « pouvoir oppressif » (Grant mal fist Adam, I, 43d ds T.-L.). Empr. au b. lat. eccl. tyrannia, -ae « id. », v. BLAISE Lat. chrét.; ca 730 ds LATHAM, gr.
« id. ». Fréq. abs. littér.: 1 287. Fréq. rel. littér. :XIXe s.: a) 3 553, b) 1 643; XXe s.: a) 876, b) 1 033. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 259. — DUB. Pol. 1962, p. 436. — QUEM. DDL t. 11.
tyrannie [tiʀani] n. f.ÉTYM. V. 1213; tirrannie, 1155; de tyran.❖1 Hist. antiq. Usurpation et exercice du pouvoir par un tyran (1.). || Tyrannie grecque et dictature (cit. 1) romaine. — (En parlant des Romains). || « Lorsque Cassius fut condamné pour avoir aspiré à la tyrannie… » (Montesquieu, l'Esprit des lois, XII, XVIII).2 Gouvernement absolu et oppressif du tyran (2.), considéré surtout dans ce qu'il a d'injuste, d'arbitraire, de cruel; domination, oppression exercée par ce gouvernement. ⇒ Arbitraire, autocratie, despotisme, dictature. || Tyrannie impitoyable; les chaînes, les violences, les cruautés, les persécutions de la tyrannie. || Tyrannie des rois (→ Cataclysme, cit. 2). || Oppresseur (cit. 2) qui joint le mensonge à la tyrannie. || Autorité (cit. 20) n'est pas tyrannie. || « Contre nous de la tyrannie L'étendard (cit. 6) sanglant est levé » (la Marseillaise). || Lutte des intellectuels (cit. 10) contre la tyrannie (→ Flatter, cit. 46). || « Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices » (cit. 2, Racine). || « Les excès de la tyrannie ne mènent (cit. 40) qu'à la tyrannie ». — Dictature oppressive d'un groupe. || La tyrannie militaire (→ Perdre, cit. 42). || Tyrannie des révolutionnaires.1 (…) on sentait l'approche d'une jeune tyrannie plébéienne, féconde, il est vrai, et remplie d'espérances, mais aussi bien autrement formidable que le despotisme caduc de l'ancienne royauté : car le peuple souverain étant partout, quand il devient tyran, le tyran est partout; c'est la présence universelle d'un universel Tibère.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 10.2 (…) je me demande si l'avenir ne nous réserve pas, sous le nom du gouvernement absolu de l'État, servi par le despotisme d'une bureaucratie française, une tyrannie bien autre que celle d'un Louis XIV.Ed. et J. de Goncourt, Journal, 18 nov. 1860, t. I, p. 269.3 Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matériels. Mais nous ne sommes pas un bétail à l'engrais.Saint-Exupéry, Lettre à un otage, V, Pl., p. 402.3 (V. 1460). Littér. Autorité oppressive, abus de pouvoir du tyran (3.). ⇒ Dictature (3.), empire. || Se libérer (cit. 3) de la tyrannie d'un père. || Cette tyrannie des maris (cit. 4). || La tyrannie du maître d'école (→ Aigre, cit. 16). || Exercer sa tyrannie sur qqn. ⇒ Tyranniser. || Le masque de la tyrannie contre celui de la servilité (→ 1. Contre, cit. 28).4 (…) la tyrannie de l'homme, qui a converti la possession de la femme en une propriété.Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, IV.4 (1790). Fig. (Compl. n. de chose). Contrainte impérieuse. — (Abstrait). || La tyrannie des passions. || Souvenir qui exerce (cit. 19) une tyrannie. || Tyrannie de l'opinion (cit. 30), de l'imprimé (cit. 38), de la mode… ⇒ Influence, servitude. || La tyrannie du travail continu (→ Inquiétude, cit. 5); de la propreté (cit. 7). || Les rhétoriques (cit. 2) ne sont pas des tyrannies arbitraires.5 Qu'à présent la jeunesse a d'étranges manies !Les règles du devoir lui sont des tyrannies (…)Corneille, l'Illusion comique, III, 2.❖CONTR. Liberté, protection. — Dépendance, esclavage, servilité, soumission.
Encyclopédie Universelle. 2012.